Le progrès technique vient modifier la structure des emplois en vertu d'un processus de destruction créatrice.

• Le progrès technique peut se traduire par un phénomène de substitution du capital au travail : des machines remplacent le travail humain.
• Le progrès technique peut être complémentaire au travail : les nouvelles machines nécessitent la création de nouveaux emplois nécessaires à leur deploiement et à leur fonctionnement.

Enfin, certaines activités ne sont pas concernées par le progrès technique, l'emploi dans ces activités ne sera donc pas concerné par son développement.

Pour les salariés concernés par la substitution du capital au travail et pour les salariés dont les emplois ne sont pas concernés par le progrès technique, les revenus baissent (chômage) ou stagnent. Or ce sont surtout les salariés les moins qualifiés aux revenus les plus modestes qui occupent ces emplois.
Pour les salariés dont l'activité accompagne le développement du progrès technique, leurs emplois plus qualifiés seront mieux rémunérés. Or ces emplois qualifiés étaient initialement déjà mieux payés.
Dans ces conditions, les inégalités de revenus du travail s'accroissent.

Pour les propriétaires d'entreprises mettant en oeuvre le progrès technique, les bénéfices distribués seront plus importants puisque ces entreprises plus compétitives gagneront des parts de marché. De plus, la valeur de ces entreprises risque d'augmenter également. Les revenus supplémentaires qui profitent le plus souvent à des ménages aux revenus déjà élevés leur permettront également d'acquérir d'autres actifs patrimoniaux (biens immobiliers, actifs financiers) dont la demande accrue tend également à augmenter la valeur, générant ainsi une valorisation supplémentaire de leur patrimoine.
Pour les propriétaires d'entreprises ne mettant pas en oeuvre le progrès technique, soit ils souffriront de la concurrence d'entreprises mettant en oeuvre le progrès technique et leurs bénéfices se réduiront avec leurs parts de marché, soit ils ne sont pas concernés par le développement du progrès technique, auquel cas leurs revenus se maintiennent.
Au total, certains détenteurs de capital voient leurs revenus et leur patrimoine s'accroître, tandis que d'autres voire leurs revenus stagner ou diminuer.

• Les revenus les plus élevés du capital s'accroissent, tandis que les revenus les plus faibles du travail stagnent, voire se réduisent pour les chômeurs. Les inégalités de revenus primaires s'accroissent donc.
• Les systèmes redistributifs chargés de les corriger deviennent moins efficaces car :
  • les revenus primaires les plus élevés sont moins prélevés qu'il y a 30 ou 40 ans, sans compter le développement de l'évasion et de la fraude fiscales pour ce type de revenus ;
  • l'augmentation des prestations sociales aux plus démunis ne compense pas cette augmentation des inégalités de revenus primaires.
• Au total, les inégalités de RDB entre les 10 % des ménages aux revenus les plus modestes et le 1 % des ménages aux revenus les plus élevés s'accroissent.

• Certaines régions vont concentrer des activités innovantes à forte croissance dans lesquelles les revenus vont progresser plus vite : Silicon Valley en Californie, Île-de-France et grandes métropoles régionales en France.
• D'autres régions restent à l'écart de cette dynamique car peu d'activités innovantes s'y sont implantées et/ou parce qu'elles sont spécialisées dans des activités en déclin. Les revenus n'y progressent donc pas ou peu : Rust Belt ou les États du sud aux USA, les régions rurales ou aux industries traditionnelles en France.